Montesquieu ne s’y trompa pas lorsqu’il écrit en 1748 dans « l’esprit des lois » : « s’il fallait donner un modèle d’une belle république fédérale, je prendrais la république de Lycie ». Quarante ans plus tard, en 1787, s’inspirant des travaux de Montesquieu, les congressistes américaines réunies en convention à Philadelphie donnèrent naissance à la constitution américaine et aux Etats Unis d’Amérique.
Dominés successivement par leurs puissants voisins Perses, Grecs et Romains, les Lyciens conservèrent tout au long de leur histoire leur autonomie s’inspirant de la culture de chacun tout en développant un style de civilisation tout à fait originale. Plus ouverts à la culture hellénistique, ils s’inspirèrent de son architecture et adoptèrent en partie la langue grecque, tout en lui substituant certains caractères qu’ils inventèrent.
Cette sensation d’être sur une terre restant à découvrir, l’archéologue Français Jacques Des courtils (université de Bordeaux 3, CNRS) l’éprouve chaque année en venant avec son équipe fouiller les ruines de l’ancienne capitale Lycienne Xanthos et de son sanctuaire religieux le Létôon.
Implantée au cœur de la Lycie depuis environ 60 ans, soutenue financièrement par le ministère des affaires étrangères et par le CNRS, la mission archéologique française est l’une des plus anciennes à s’être intéressé à la civilisation lycienne. Du fait de leur importance dans l’histoire de la Lycie, c’est sur les sites de Xanthos et du Létôon qu’il est possible d’observer le mieux la naissance de la civilisation Lycienne puis l’arrivée des courants culturelles hellénistique romains et Chrétiens qui l’influencèrent. Pour l’intérêt historique et culturel quils représentent, ces deux furent inscrits en 1986 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. La mission française a obtenue en 2009 le prestigieux prix d’archéologie Simone et Cino Del Duca doté de 200 000 euros, qui sera entièrement réinvestis dans le programme de fouille et de restauration des sites Lyciens.
Photos et synopsis : Hubert Raguet